Communiqué de presse du 15 mai 2024.
Six citoyens représentant le collectif Sauvegardons Neerpede, la Commission pour la conservation, la gestion et le développement de la nature dans la vallée du Vogelzangbeek (CCN Vogelzang CBN) et l’asbl We Are Nature.Brussels ont introduit le 3 mai 2024 un recours en annulation au Conseil d’Etat contre le projet d’étang de baignade de Neerpede.
Pour rappel, depuis deux ans et demi, une mobilisation puissante s’est développée en faveur de la biodiversité locale et de la quiétude du parc de Neerpede. « Nous avons découvert dans la presse à la fin de l’année 2021 que l’étang de Neerpede serait « le premier étang de baignade en 2024 ». Nous nous sommes alors mobilisés et il nous a fallu plus d’un an pour avoir accès aux annexes du dossier présenté comme acquis dans les médias. Nous avons documenté les nombreux problèmes et interrogé les autorités communales, régionales et fédérales (Beliris) sans discontinuer. De toute évidence, ce projet est caractérisé par un défaut criant de concertation et de clarté. Sa taille excessive le rend tout à fait inadéquat d’un point de vue écologique et urbain. A l’image du projet, le dossier comprend de nombreuses lacunes. Nous avons donc décidé de le contester au Conseil d’Etat » déclare Mme Yannick Laurent, fondatrice du collectif « Sauvegardons Neerpede ».
Se dissimulant derrière de rares déclarations à relent racistes, isolées et totalement étrangères à Sauvegardons Neerpede, la réaction des principaux promoteurs de l’étang à l’appel citoyen se sont avérées désastreuses. Enfermés dans une attitude condescendante et socialement méprisante déplorables, ils n’ont jamais fourni de réponses valables sur le fond du dossier ni tenu compte des critiques pertinentes et élaborées des citoyens. Le ministre Maron, de toute évidence mal conseillé par l’association pressentie pour gérer le projet, a cru légitime d’appuyer une vision excluant les riverains et les préoccupations d’une partie croissante de la population qui se mobilise de manière de plus en plus construite face aux projets d’a-ménagement technocratiques et unilatéraux de ses lieux de vie.
Le projet d’étang de baignade coche ainsi toutes les cases de la dynamique de gentrification qui affaiblit les classes moyennes et populaires, tout en artificialisant la nature.1
Le déclin effrayant de la biodiversité que nous connaissons actuellement est en partie dû à la perte des connexions naturelles entre les différents espaces naturels. « La préservation de la biodiversité dans la vallée du Vogelzangbeek est impossible si dans les espaces verts voisins, la nature et la biodiversité sont dégradées. La vallée de Neerpede est notre voisine et nous avons tout intérêt à veiller à ce que la connexion entre les deux vallées ainsi que la richesse naturelle de la zone elle-même ne soient pas dégradées et, espérons-le, soient améliorées. Si des espèces d’une zone naturelle sont soumises à des pressions négatives ou disparaissent, cela a également un effet négatif sur les populations des zones voisines » explique Bernadette Stallaert de la CCN Vogelzang CBN.
Constatant la faiblesse du dossier et la puissante opposition citoyenne qu’il suscite, We Are Nature a invité certains élus de la commune d’Anderlecht et le cabinet du ministre Maron à se mettre autour de la table pour chercher avec les riverains des alternatives préférables. « Nous déplorons que la recherche d’alternative avec les citoyens ait été refusée par les autorités. Le projet d’aménagement du parc est positif. La baignade en plein air est très bienvenue. Mais la localisation choisie est mauvaise. Nous avons collectivement besoin de protèger la biodiversité, pas de l’affaiblir. Et ce type de projet doit selon nous être conçu avec et à destination prioritaire de ceux qui en ont le plus besoin, c’est à dire les personnes socioéconomiquement défavorisées. Le projet d’étang de Neerpede ne convient pas, il doit être abandonné. Il est possible de faire mieux avec l’argent public réservé », estime Jean-Baptiste Godinot de We Are Nature.
Un recours en annulation a été introduit au Conseil d’état contre le permis d’urbanisme délivré le 26 février 2024. « L’étude des incidences environnementales accompagnant la demande de permis est incomplète et lacunaire » souligne Mme Yannick Laurent :
- l’étang étant un plan d’eau, il est protégé et son aménagement ne peut normalement pas nuire à la faune indigène et/ou sauvage. Soulignons par exemple la présence de « pompes à effarouchement » des oiseaux, prévu dans les plans, qui est d’évidence incompatible avec l’obligation de protection des plans d’eau ;
- l’impact de la baignade sur la faune et ses habitats est lacunaire. Les analyses d’impact du bruit, de l’éclairage de la perturbation par les animaux de compagnie sont indigentes, l’impact des vibrations au sol et dans l’eau de la présence simultanée de plusieurs centaines de personnes dans l’eau et sur les berges n’est pas étudié ;
- le rapport d’incidence est totalement muet quant à la vulnérabilité du projet au changement climatique. Les impacts de l’élévation prévue des températures et de l’augmentation des épisodes de sécheresse et d’inondation sur l’alimentation en eau et la qualité des eaux ne sont tout simplement pas analysés ;
- aucune solution (localisation) de substitution n’a été étudiée. Le choix de Neerpede n’est pas justifié, compte-tenu des effets inévitables et lourds du projet sur l’environnement.
Les mêmes requérants préparent maintenant un recours en annulation contre le permis d’environnement qui sera prochainement déposé au Collège d’environnement.